top of page

L'ECHEVEAU DU TEMPS

​

Claire Artemyz est une photographe qui explore aussi bien ce qui pourrait se rapporter à la « Nature », au sens des

« sciences naturelles » qu’à la « Culture », au sens des modifications apportées par la main de l’Homme et des questionnements sous-jacents. La beauté, ici, est recherchée dans son aspect le plus subversif, gommant volontairement tout défaut, aspérité, désordre, pour atteindre un apaisement intrigant dans son étrangeté, en réponse à l’évolution effrénée du monde.

Comme sous un microscope géant, le sujet est isolé de son contexte, le plus souvent sur fond noir, sans autre élément extérieur que la lumière qui rend possible la photo immortalisant dans un cadre la trace du réel.

​

​

CE QU'ILS EN DISENT !

​

Aurrélien Simonet - préhistorien et archéologue au Conseil Départemental des Landes. L’auteur remercie particulièrement Delphine Haro-Gabay, Claire Artemyz et Jean-Claude Merlet, grâce à qui ce projet a pu voir le jour.

​

Depuis plus de 10 ans, Claire Artemyz met en image des pièces préhistoriques issues de collections muséales du musée de l'Homme (Paris), l'Institut de Paléontologie Humaine (Paris), le musée d'Archéologie nationale  (Saint-Germain-en-Laye), le musée des Confluences (Lyon), le musée d'Aquitaine (Bordeaux) et le Centre européen de Recherches Préhistoriques (Tautavel).

 

En explorant l'univers de la Préhistoire, sa recherche artistique nous interroge sur l'origine et l'identité de l'espèce humaine.

En 2019, dans le cadre de la création d'un nouvel espace d'exposition permanente, Claire Artemyz a été invitée par le Département des Landes à découvrir et photographier la collection préhistorique du site départemental de l'abbaye d'Arthous. Une invitation qui donne lieu à l’exposition “Au grand Galop, Duruthy et l’art des origines”, ouverte aux visiteurs en juin 2020.

 

La collection comporte 20 508 pièces archéologiques issues des abris de Sorde. 26 pièces ont été sélectionnées dans le cadre de ce projet : éléments de parure, représentations animales, vertèbres de poisson, crâne humain, etc. Les fleurons de cette collection sont constitués de trois sculptures de chevaux en pierre et en ivoire de mammouth datées d'environ 17 000 ans.

Les photographies expriment tout leur potentiel d'évocation grâce à l'assemblage imaginé par l'artiste (par exemple les grandes frises présentées dans cette exposition) ou bien suggéré par le rapprochement des images. Claire Artemyz porte un regard singulier sur les objets de la Préhistoire, et sa technique, fondée sur des plans resserrés, une utilisation minutieuse de la lumière et du clair-obscur, sublime le choix des matières opéré par les artistes du Paléolithique et révèle la vitalité de leurs oeuvres d'art.

Des photographies d'oeuvres magdaléniennes emblématiques (Isturitz, Lourdes, Mas-d'Azil, Bruniquel) conservées au musée d'Archéologie nationale, en région parisienne, sont également présentées dans l’exposition. 

Cette double approche - artistique et scientifique - met en lumière la réciprocité de leur influence. Les zones d'ombre du discours scientifique peuvent laisser le champ libre à la création. En retour, la réflexion scientifique s'appuie sur l'imaginaire pour penser de nouvelles hypothèses.

Les deux démarches s'enrichissent mutuellement et nous rappellent que, depuis sa naissance au XIXe siècle, la préhistoire est à la croisée de l'art et de la science. 

​

​

Etienne Dumont, critique d'art

​

"À l'heure où la photographie se veut infiniment grande, tant dans les objets représentés que dans ses tirages, Claire Artemyz n'a pas peur du très petit. Son regard méthodique scrute les choses à la manière d'un microscope. Tout réside pour elle dans le détail. Devenues du coup presque abstraites, ses images colorées nous invitent à découvrir de près le vivant, ou ce qui le fut. Il y a dans son œuvre, aux tonalités nettement archéologiques, beaucoup de peaux mortes et d'ossements fossiles. L'existence terrestre laisse parfois, mais parfois seulement, des traces dans le sol...

 

Au fil des ans, Claire Artemyz a ainsi archivé une mémoire du monde, des sauriens à l'homme en passant par les ammonites. Tout en embranchements, comme peut l'être dans un livre une arborescence scientifique, son ordinateur regorge de fragments de corps. Regroupés, ils ne donneraient pas naissance à un nouvel animal, ou à un humain sorti de la préhistoire. Cet ensemble de photographies montrerait, par simple observation, ce qui a disparu des origines de la vie et ce qui en subsiste parmi nous. Les oiseaux ne sont-ils pas les survivants des dinosaures?

 

Ces clichés très composés constituent par conséquent les pièces d'un gigantesque puzzle. L'observateur se sent invité à assembler ces éléments, dont certains demeureront inévitablement manquants. A quoi ressemblerait leur réunion? Difficile de le dire. L'image globale produite par ces prises de vue accumulées apparaîtrait à certains endroits précise. A d'autres floue. L'histoire dite naturelle n'est pas aussi facile à raconter qu'on ne veut bien l'admettre. Même mort, le vivant se défile. Il échappe à ceux qui veulent l'épingler comme un papillon sur un bouchon.

 

Développée dans ce qui ne pouvait constituer que des séries lentement construites, l'aventure se révèle en fait double. Il y les recherches intellectuelles, bien sûr. Il existe aussi les choix esthétiques. Chaque cadrage, chaque éclairage, chaque enchaînement d'images dans un album constitue un parti-pris. Il s'agit là d'un langage articulé, avec ce qu'il suppose de choix dans les sons et les mots. D'autres qu'elle auraient sans doute photographié chaque objet en entier, placé sous une lumière neutre. Ce scientifiques auraient refusé toute implication. Ils seraient restés à l'extérieur des choses. Claire Artemyz s'inclut bel et bien dans son travail.

Elle est là, et le spectateur sent sa présence.

 

Dès lors, qu'il s'agisse de refléter une moderne modification corporelle, tenant elle aussi d'une volonté de changer l'espèce, ou qu'il s'agisse de montrer les pas d'un dinosaure ayant couru il y a des millions d'années, Claire demande au public de collaborer à son travail. Il doit embrasser l'image entière, puis lentement la décrypter. Offrant parfois quelques résistances, sa photographie doit se découvrir. Se révéler. Normal après tout pour un art, le huitième je crois, qui s'est longtemps offert au regard après avoir subi un bain révélateur.

 

Rien n'est donc simple, rien n'est donc sûr, avec ces «Affleure de peau», cette «Eclipse», ces «Mémoires» ou ce «Feather», où la plume évoque par héritage les corps des dinosaures parfois colossaux du Secondaire. Mais il y a longtemps que le mot «science» ne s'accole plus obligatoirement avec celui de «certitude». Qu'importe, au fait? Pour l'observateur fasciné, voir n'implique pas de savoir. Après un siècle d'art abstrait, le sujet a de toute manière presque disparu des consciences.

 

Située ainsi à la limite du compréhensible, une photo peut donc parler autant qu'une autre. Mieux qu'une autre, sans doute. Car interpréter, comme l'artiste nous l'impose, c'est aussi s'approprier. Il faut faire sien les crânes trépanés et les bassins fracassés. La goutte de sang jaillissant d'une peau incisée. Le fond abyssal d'un œil inconnu. La plume légère, qui a pourtant fini de voler. Le monde de Claire Artemyz est fait pour se voir partagé. Offert au regard, il se donne du coup en cadeau. Il suffit de se donner la peine de le recevoir."​

 

​

Dr Alain Froment, Collections d’Anthropologie, Musée de l’Homme

​

"Lorsque le squelette de Lucy fut découvert en Ethiopie en  1974, on s’aperçut en étudiant son bassin et sa jambe, qu’elle était bipède, et Yves Coppens en tira un ouvrage, Le genou de Lucy, inspiré du titre du fameux film d’Eric Rohmer sorti en 1970, Le Genou de Claire. Contrairement à ce que pensent bon nombre de gens, les restes de Lucy ne reposent pas au Musée de l’Homme, mais au musée national d’Ethiopie. Pour autant, notre Musée recèle la plus importante collection d’hommes fossiles du monde, une soixantaine, certes plus récents que les australopithèques, mais très emblématiques, tels des squelettes complets d’hommes de Néanderthal, notamment ceux de La Ferrassie et de la Chapelle-aux-Saints, et celui de notre vénérable ancêtre l’Homme de Cro-Magnon, ainsi que ses productions artistiques majeures, comme la Vénus de Lespugue, si épurée et si intemporelle. Aujourd’hui, pour rester dans l’analogie rohmerienne, c’est du regard de Claire qu’il s’agit. 

​

Car, lorsque Claire Artemyz, dont la démarche nous avait particulièrement intéressés, a posé son objectif dans nos collections, ce qu’elle a capturé sur sa pellicule a transfiguré les ossements et les objets qui nous étaient pourtant si familiers. L’usage de la macro-photographie et les éclairages fantomatiques nous ont révélé une lecture très singulière de notre patrimoine préhistorique. La moindre suture crânienne devient un chemin de traverse nous reliant à une humanité antérieure, le plus petit détail anatomique, mis en relief par la caméra, nous renvoie à notre propre constitution, et chaque détail d’un outil ou d’une sculpture sur os ou sur ivoire de mammouth nous restitue le geste sûr, et une bribe de la pensée, de son auteur depuis si longtemps disparu. Il y a là une incarnation visuelle de ce que l’un des plus grands anthropologues du Musée de l’Homme, André Leroi-Gourhan, analysait subtilement dans un ouvrage qui a véritablement marqué les études anthropologiques, Le geste et la parole. 

 

C’est que le Dr Artemyz n’est pas seulement une artiste, c’est aussi une clinicienne et une chercheuse qui a profondément sondé l’esprit humain, et c’est cette expérience neurobiologique qui confère à ses photographies cette perception originale et originelle, abstraite et quelque peu psychanalytique, anagogique et onirique, de l’aventure humaine."

 

​

Amélie Vialet, paléoanthropologue.

​

"Il y a comme un entêtement de la part du chercheur à comprendre, du scientifique à décomposer le monde et du paléoanthropologue à désarticuler l’être humain pour en saisir l’essentiel. 

C’est aussi le travail de Claire Artemyz, qui de façon bien plus poétique, par une subtilité de pose et d’éclairage, par un regard singulier, rend compte de cet acharnement à percer ce mystère intemporel, celui du sens de l’humanité. 

C’est aussi le temps « d’après » qui est figé par cette photographe talentueuse. Quand la vie n’est plus, l’objet devient support d’étude pour le chercheur, os sec inanimé. 

Mais l’artiste réussit à le prolonger, le faire dialoguer avec ses semblables, lui redonner vie « en argentique ». 

Et provoquer le spectateur avec de véritables tableaux de vanités où l’évanescence des papillons rappelle le souffle de la vie qui est passé si vite !"

​

​

​

PARCOURS

​

Expositions personnelles

 

2020-2021

« Au grand galop, Duruthy et l'art des origines », Abbaye d'Arthous, département des Landes

​

2019

« Bestiaire et Cie », Médiathèque des Ulis, Fête de la Science, Paris-Saclay

« La danse des grottes » Maison et Archéoparc de la Dame, Brassempouy

« La Danse des Grottes », PhotoChorégraphies, Maison de la Dame et ArchéoParc, Brassempouy

 

2018

« 150 ans de  la découverte de Cro-Magnon » Bibliothèque du Musée de l’Homme, Paris

« Fouilles du Lazaret » Institut de Paléontologie Humaine, Paris

« Les Vénus » CCIC, Cerisy, colloque « L’art Paléolithique au risque du sens » organisé par Marc Avelot et Jean-Paul Jouary

​

2017 

« Objets d’étude » Musée de l’Avallonais, et Université de Nanterre (MAE)

​

2016 

« Au Bonheur des Dames » Ville de Montignac et Galerie de Montignac-Lascaux

​

2015 

« Dame Nature et Dame Culture» Pornic, Société des Amis du Musée de l’Homme, antenne océanique

​

2014 

« Il était une fois… », Maison de la Dame, Brassempouy

« Mémoires de Tautavel », Tautavel, Cinquantenaire des fouilles

​

2013 

« D’os et de pierre », Musée d’Archéologie Nationale, Saint-Germain-en-Laye

​

2012 

« Bestiaire et Cie », Musée d’Archéologie Nationale, Saint-Germain-en-Laye

« Mémoires d’Océans » Galerie Le Cerisier, Mois de la Photo-OFF, Paris

​

2011

« MEMOIRES II », Musée d’Archéologie Nationale, Saint-Germain-en-Laye – France

« MEMOIRES », Archeoparc, Val Senales - Italie

 

Expositions collectives

​

2019

« Préhistoire et Art Contemporain », Atelier du Hézo - art contemporain

« A la lueur du feu », Galerie Le Cerisier, Paris

​

2018

Participation à « Expo Neandertal » Musée de l’Homme, Paris

« La Chaîne et la Trame » & "Au fil de l'os" Galerie Le Cerisier, Paris

​

2017

« Préhistoire et Chamanisme », Galerie Le Cerisier, Paris

​

2015

« ZAN PAR », Commissaire François Pannier, Ici-Magazzino del Caffè, Venise, Italie

​

2014

« L’Echo des Cavernes », Galerie Le Cerisier, Paris

​

2012

« La plus petite de toutes les choses », Novembre, MAC PARIS

​

2011

« SUPER-NATURAL », Galerie Le Cerisier, Paris – France

« Memento mori », Berliner liste, Berlin – Allemagne

​

2009

« HABEAS CORPUS », MAPRA, Lyon - France

« JE TE PRESENTE MON CORPS », Festival des Autres Images, La Rochelle - France

« XTH NORTHERN INK XPOSURE », Musée d’Art Contemporain, Toronto – Canada

​

​

Présentations lors de conférences

​

2018 

« L’art Paléolithique au risque du sens » CCIC, Cerisy, organisé par Marc Avelot & Jean-Paul Jouary

Préhistoire et Art Contemporain, un passage souterrain? Séminaire à l’INHA, Paris, organisé par François Jeune.

​

2016 

« Paleolithic and Mesolithic International Conference », British Museum, London

Évolution du cerveau et des capacités cognitives des Hominidés fossiles, colloque international, Tautavel, France.

​

2013 

« Ice Age Art » Poster presentation at Ice Age Art exhibition and symposium, British Museum, London

​

​

​

LIENS

​

Sites de l'artiste

www.artemyz.com

www.arlucem.com

​

Musées

MAN www.musee-archeologienationale.fr

Abbaye d'Arthous www.landes.fr/abbaye-arthous

​

​

Ressources

​

Société Préhistorique Française www.prehistoire.org/offres/gestion/actus_515_40905-911/exposition-au-grand-galop-duruthy-et-l-art-des-origines-de-claire-artemyz.html

 

Hominidés

www.hominides.com/html/references/artemyz-photographe-prehistoire-0877.php

​

Au Grand Galop sur Hominidés

www.hominides.com/html/exposition/au-grand-galop-duruthy-artemyz-1420.php

​

Bradshaw Foundation

www.bradshawfoundation.com/memoires/index.php

​

Le Livre "A Une Passante" chez Escourbiac

www.escourbiac.com/claire-artemyz

bottom of page